C’est une sensation étrange qui s’emparait soudainement de moi, comme une légère compression, une douce restriction qui montait lentement le long de mon corps et me dévorait progressivement. Elle se faisait de plus en plus forte à mesure que le temps passait et le plaisir n’en augmentait qu’autant. Non pas froide, ni humide, ni gluante, mais chaude et douce. Une peau écailleuse mais pourtant ô combien délicieuse. L’étreinte du serpent-monde, de Jörmungandr. Avant que je ne m’en rende compte, j’étais prisonnier de ses caresses, et son corps à présent délimitait de toute sa longueur ce qui semblait constituer mon univers. Mon rythme cardiaque alors soudainement s’emballa alors que mon torse était écrasé sous la force phénoménale du serpent. Je suais sous l’assaut de ses constrictions et la volupté du mouvement de son corps m’enfermait dans un désir ardent. Mais l’anneau de l’océan, tordant agitateur des vagues, n’avait-il pour seul désir que d’attiser le mien ? Lui, l’enfant de Loki, être abject entre tous. Son destin n’est-il que de pourvoir au déferlement des océans sur les terres ? Jörmungandr, qui saisi par sa fureur de géant, gagnera le rivage lors du destin final des dieux et soufflera tant de venin qu'il en aspergera tout air et toute mer. Il sera absolument effrayant et il s'avancera aux côtés de son frère, le loup monstrueux Fenrir. Mais si ces terribles démons n’aspiraient qu’à l’amour ? Si l’étreinte féroce du reptile n’était qu’une caresse impétueuse et incontrôlée pour l’objet de son affection. Lui accorderiez-vous une seconde chance ? Hilde, elle, s’est déjà forgé son opinion...
