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LE JOURNAL D'UNE TEAM IMPOSSIBLE

Vinland Saga #131-5 et #132

Écrite par : Kit • Catégorie(s) : Vinland Saga • Postée le 11/11/2016 05:28 pm


Bonjour,

Il était bien là. Ce n’était pas le cas au matin, car il se souvenait parfaitement avoir observé à travers la fenêtre légèrement embuée l’étendue de verdure qui se développait au pied de sa maison. Il regarda à nouveau avec insistance en direction du bosquet. Et il était bien là. À cette simple constatation, il fut parcouru de la tête aux pieds par un incontrôlable frisson. Soudainement la pièce lui paraissait plus froide, l’atmosphère avait quelque chose de plus oppressante, quoi que quasiment indéfinissable. Les rayons du soleil qui doucement commençaient à teindre en rouge et or la ligne de l’horizon ne parvenaient guère à le réchauffer, ou à lui apporter un quelconque réconfort. Bien au contraire, l’obscurité glaciale gagnerait bientôt l’enceinte du parc et il était là. En toute hâte, il tenta alors de se remémorer le déroulé des évènements de la veille. Il se souvint s’être livré avec son meilleur ami venu lui rendre visite, à leur indicible mais habituel rituel. Une pratique qu’ils avaient découvert par hasard en feuilletant l’un de ses vieux ouvrages rongés par le temps malgré les épaisses reliures de cuir que contenait la bibliothèque du manoir. Une idée sordide née – s’imaginait-il – dans leurs esprits aventureux de jeunes hommes avides de découvrir ce que la vie avait de plus fort à leur offrir. Une pratique et des sensations en réalité d’une insondable antiquité, que toute personne aux bonnes mœurs désapprouverait vivement, cela en tout lieu et à toute époque. Dans ses souvenirs, l’offrande avait pourtant été faite dans les règles de l’art, la pièce préparée avec soin tout particulier, selon les prescriptions du vieux grimoire. L’extase avait été au rendez-vous tandis qu’ils goûtaient à des délices interdits, d’autant plus voluptueux pour les sens qu’on les aurait dits venu d’autres sphères de notre réalité, de lieux où toute âme sensée n’oserait jamais s’aventurer. Malgré cela, quelque chose semblait avoir échappé à leur contrôle ce soir là, avait su déjouer leur vigilance avec malice, ainsi que toutes les barrières et protections misent en place. Et à présent il était là. Le guettant tapis dans l’ombre de ce bosquet, attendant sans doute que vienne l’heure des ténèbres pour venir lui réclamer son . Réalisant cela, l’homme alors tressaillit. Il ne savait plus désormais quoi faire, sentant que son heure bientôt arriverait et qu’il était à présent trop tard. Car il était là. Observant impuissant la lumière du jour décliner lentement derrière le faîte des arbres, il se sentit soudain accablé par le poids d’un fardeau qu’il avait longtemps porté sans réellement en prendre conscience. Était-ce celui de la transgression ? Cette charge était devenue tout à coup trop lourde à porter pour lui, comme une soudaine et ouranienne punition. Qu’avaient-ils fait là ? Quel crime horrible avait été le leurs chaque fois qu’ils franchissaient les limites de ce qu’il est habituellement permis aux hommes, lorsqu’ils avaient puisé la source de leur plaisir dans ces mondes étranges, au-delà du notre, masqués à nos regards ignorants. Regardant alors une nouvelle fois en direction du bosquet, il s’aperçu dans un sentiment teinté d’un mélange d’espoir et d’effroi que la chose n’était plus visible. Mais il réalisa en même temps que l’ombre des grands arbres s’élevait à présent en direction du manoir. Le monstre devait sans doute avoir profité du déclin des derniers rayons de lumière et de l’avancée des ombres furtives pour quitter sa sombre cachette afin de se mouvoir le long de ce sentier de ténèbres qui le mènerait rapidement jusqu’au manoir. L’horrible conclusion s’imposa au jeune homme en un éclair. Il sera là. Bientôt la lumière du jour aurait complètement disparu, comme si tout espoir avait été vaincu par cette chose qui rampait subrepticement dans les ténèbres afin de venir réclamer son . Elle sera bientôt là. L’homme se savait perdu et la course effrénée de ses pensées ne lui permettait pas d’envisager la moindre parade contre le mal qui le guettait. Tout espoir l’abandonna soudain, et c’est alors que la vieille porte en bois de l’antique demeure s’ouvrit avec fracas, suivi immédiatement par un bruit terrible de succion qui paraissait remonter lentement le long du couloir. Un bruit tel qu’il n’en avait jamais entendu dans notre monde, qui ne pouvait y appartenir. Le son et la chose qui l’émettait, quoi qu’elle puisse véritablement être, avaient pénétré les murs de sa maison qui l’avait pourtant abrité et vu grandir tant d’années durant. Mais elle ne semblait plus en cet instant pouvoir lui offrir la moindre protection. Il était désormais trop tard. Alors qu’elle pénétrait dans le salon et que, roulant au bord du gouffre qui mène à la folie, les yeux de ce qui furent autrefois un jeune homme rieur, qui goûtait avec avidité aux plaisirs interdits, se posèrent sur la masse de la créature – ou du moins ce qui semblait la composer – il n’eut plus le temps que d’une dernière pensée avant de défaillir. Mais cette dernière ne sera jamais connue du monde des hommes, et c’est sur cet effroyable secret qu’il me faut vous quitter. Vite, vite ! Avant que les ombres anciennes gagnent à leur tour ma demeure ! Car il est là désormais et j’entends au loin le murmure de sa terrible succion. Il est là et rien ne l’arrêtera désormais.





par Kit @ 11/11/2016 05:28 pm


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